Les Congolais entre la dérive dictatoriale et la révolte

Les Congolais entre la dérive dictatoriale et la révolte


« Joseph Kabila » brandit la Constitution qu’il vient de promulguer. C’était le 18 février 2006.

A Kinshasa, le facilitateur Edem Kodjo doit sabler le champagne. L’homme est en passe de « réussir » la « mission » qui lui a été confiée dès janvier dernier par la présidente de la Commission de l’Union Africaine Nkosazana Dlamini Zuma. Une mission dont le libellé pourrait tenir en cinq mots : « Maintenir Joseph Kabila au pouvoir ».

Connaissant la vénalité des politiciens africains en général et zaïro-congolais en particulier, l’ancien Premier ministre togolais avait sa petite idée. Dès le départ, il est allé droit au but en confiant à ses interlocuteurs congolais la nécessité de mettre sur pied un gouvernement de transition. Le fameux « partage équitable et équilibré du pouvoir ».

Ancien Premier ministre du dictateur togolais Gnassingbé Eyadema, Kodjo sait parfaitement que l’exercice du pouvoir d’Etat est considéré en Afrique noire comme le moyen privilégié pour changer de classe sociale. Bref, s’enrichir.

Partant de l’idée selon laquelle « tout politicien africain qui a faim est un homme dangereux », l’ancien « Premier » n’a pas manqué de conseiller au « raïs » de faire taire ses adversaires en donnant « à manger » non seulement à ses partisans mais aussi à ses contempteurs. Ne dit-on pas qu’il n’est pas poli de parler la bouche pleine?

Il ne manquait plus que le modus operandi. Un habillage pseudo-juridique.

Les « dialogueurs » réunis depuis le 1er septembre dernier à l’ex-Cité de l’OUA devraient procéder, samedi 17 septembre, à la signature d’un « accord politique » qui sanctionne la fin des travaux du « dialogue politique national » dit « inclusif ». On le sait, une importante frange de l’opposition a boycotté ces assises pour n’avoir pas obtenu satisfaction des préalables qu’elle avait posés.

Comme à l’accoutumée, cet accord – qui ne sera opposable qu’à l’égard des parties prenantes à ce forum – sera probablement suivi par la formation d’un gouvernement dit d’union nationale dont le rôle sera de légitimer l’illégitime. A savoir, le maintien de « Joseph Kabila » à la tête du pays au-delà du 19 décembre. « Nous allons former un gouvernement de transition pour gérer le pays de manière consensuelle durant la période comprise entre le 19 décembre prochain et l’élection du nouveau Président ». L’homme qui parle s’appelle Léonard She Okitundu.

Pour le bon plaisir du président sortant « Joseph Kabila » et celui des « 40 jouisseurs » qui l’entourent, l’avènement de l’alternance démocratique attendu par les 70 millions de citoyens du Congo-Kinshasa est reporté sine die.

Il est désormais clair que la CENI (Commission électorale nationale indépendante) ne se fera pas le devoir de convoquer, le lundi 19 septembre, le scrutin de l’élection présidentielle conformément à l’article 73 de la Charte fondamentale. Il va sans dire que le 20 décembre prochain, les Congolais risquent de se réveiller en apprenant que le locataire du Palais de la nation est toujours le même dont le bail est arrivé à expiration la veille.

Les « élites » congolaises ne pourraient s’en prendre qu’à elles-mêmes. Ce sont ces « élites » qui ont fabriqué et continuent à fabriquer les tyrans.

Qui aurait imaginé retrouver l’ancien « opposant radical » Lambert Mende Omalanga dans le sillage du dictateur « Joseph Kabila » après avoir pourfendu le dictateur Mobutu Sese Seko au point d’inventer le fameux « massacre de l’université de Lubumbashi »?

Qui aurait cru que l’ex-mobutiste André-Alain Atundu Liongo – qui a assisté aux premiers loges à la décadence ainsi qu’à la chute du Maréchal – allait devenir un des porte-voix du « raïs » qui commet pourtant les mêmes errements que le « Grand Léopard »?

Que dire des Zaïro-Congolais qui fredonnent aujourd’hui le fameux slogan « Wumela » pour la pérennité du pouvoir kabiliste alors qu’ils avaient jadis vomi le régime autoritaire et autocratique à l’époque de Mobutu et de Laurent-Désiré Kabila?

Lors des consultations nationales et des travaux de la conférence nationale souveraine le « peuple zaïrois » d’alors n’avait-il pas levé l’option pour l’avènement d’un nouvel ordre politique fondé sur la démocratie, l’Etat de droit et le respect des droits humains? Ce choix n’a-t-il pas été réaffirmé lors du dialogue inter congolais à Sun City? Que sont devenus tous ces idéaux?

A quelques trois mois de l’expiration du second et dernier mandat du président sortant « Joseph Kabila », le peuple congolais se trouve face à un choix. Il doit choisir entre la résignation et la révolte. Le peuple congolais ne pourrait choisir que la seconde option. Il s’agit de faire échec à la dérive dictatoriale qui s’installe. C’est le prix à payer pour aspirer à un autre avenir.

« Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individu qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente constitution »(article 64 de la Constitution).

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-201

2 réflexions au sujet de « Les Congolais entre la dérive dictatoriale et la révolte »

  1. Huuuuuuuuum! Dans ce contexte, ou serait la place de notre constitution? Oui, le Président et ses ventriotes n’en n’ont plus besoin, car leur interdit un 3è mandat. Mais une chose est vraie: « Le peuple a besoin de la constitution ». L’alternance c’est pour aujourd’hui ou jamais.
    Tous les jouisseurs doivent être écartés avant même la fin du règne de leur chef, le Président. Nos élites qui continuent de fabriquer les tyrans doivent enfin apprendre que l’intérêt supérieur de la nation est capital et inviolable. Ils doivent cesser de ne penser qu’à eux-mêmes. Le peuple congolais doit interroger ses représentants. Ces jouisseurs doivent cesser de croire que le chemin le plus court pour s’enrichir est la politique. Au contaire, dans les circonstances actuelles, ceux qui ont assez de moyens financiers doivent les mettre au service de la nation. Quant à nous peuple congolais, nous sommes devant un fait accompli qui nous oblige de ne plus réculer. Nos dirigeants nous obligent de penser notre révolte. Chers congolaius, nous sommes obligés de nous prendre en charge. In cauda venenum…

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